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Texte imprimé

Ciels des hommes


Cote : 629.130 09 ROB
Auteurs : Académie Nationale de L'Air et de L'Espace ; Lucien Robineau

Editeur : Le Cherche Midi, Paris
Année de publication : 1999
Mots-clés : Anthologie
ISBN : 2-86274-634-7

Description : 1 vol. (221 p.) : couv. ill. en coul. ; 22 cm
1 exemplaire coll. Sparaco
1 exemplaire coll. Manascopia
Résumé : Cette anthologie de textes, choisis et présentés par le général (CR) Lucien Robineau (pilote de chasse et ancien chef du Service Historique de l’Armée de l’Air), a été publiée en 1999, avant la naissance de l’Aérobibliothèque. Pour autant, voici un livre intemporel et incontournable qu’apprécieront toujours les passionnés d’aviation intéressés par les écrits des poètes, ingénieurs ou aviateurs qui rêvaient de construire des machines volantes, de s’élever dans les airs, dans l’espace, et qui réussirent à s’affranchir de la pesanteur.

Mais il ne s’agit pas que d’un florilège d’écrits académiques, loin s’en faut ... Car depuis que l’homme songe à voler en levant les yeux au ciel, des balbutiements de l’aviation à la conquête spatiale, tous ces témoignages, toutes ces représentations mentales du rêve d’Icare, toutes ces expériences d’aviateurs sont empruntes d’une philosophie de vie, de ce que Lucien Robineau appelle « un message moral » présent aussi bien dans la légende que dans les faits : la part du rêve et l’envie de toujours faire mieux malgré les vicissitudes, le dépassement de soi (contre l’instinct de conservation) et aussi, une solidarité très particulière - muette mais universelle - entre tous les aviateurs. Une fraternité née du danger permanent, à toutes les époques, car si l’homme peut flotter à la surface de l’eau, il lui faut un courage, une confiance dans la technologie et une vigilance constante pour pouvoir s’élever dans la troisième dimension, s’y maintenir et y naviguer. Une fraternité, une communauté d’esprit qu’entament à peine les guerres et les idéologies antagonistes. « L’aviateur n’est pas modeste » comme l’écrit Lucien Robineau mais il peut être rapidement ramené à la modestie ou au néant : son aura tient effectivement beaucoup à la dangerosité de son art et les « piétons » admiratifs ne s’y trompent pas, instinctivement.

Au fil d’un peu plus de 200 pages, ce sont ainsi 84 textes qui nous sont proposés, allant de quelques lignes à quelques pages et répartis en sept chapitres intitulés « Le rêve de vol », « Héros et pionniers », « La terre à vol d’homme et à vue d’oiseau », « L’aviateur en guerre », « Vitesse », « Espace et univers... », « Atterrissage » On y lit entre autres que René-Louis de Voyer, marquis d’Argenson, plaidait dès le dix-huitième siècle pour la création d’un poste de « Secrétaire d’État pour les Forces aériennes », on savoure un long et magnifique poème de Stefan Zweig intitulé « L’aviateur », on mesure la détermination lucide d’un d’Otto Lilienthal (tué lors de la chute de son planeur) : « Nous devons voler et tomber... voler et tomber... jusqu’à ce que nous puissions voler sans tomber » (Marcel Jullian, « Lilienthal ») On y découvre que les frères Wright faisaient leurs premières expériences dans un endroit retiré « sans être la risée de toute la campagne » et parce que « à cette époque là, les machines à voler faisaient hausser les épaules de tous les philosophes à la noix » (John Dos Passos, « Les campeurs de Kitty Hawk ») De même, « lorsque Garros parlait de Voisin, qu’il adorait et admirait intensément, il disait : ‘Il ne connaît rien du vol, il sait tout juste entendre à trois mille mètres si un boulon se dévisse’ Magnifique compliment au génie du constructeur. Voisin répondait : ‘C’est un oiseau. Il ne sait pas ce que c’est qu’un appareil. Il vole comme il respire » (Jean Cocteau, « Sur Garros »). Ou encore ce commentaire de l’ « As » Georges Guynemer : « Certains me disent ‘Il vaut mieux laisser à la chasse le côté mystérieux qui auréole les as. Si le profane devenait compétent, il n’aurait peut-être plus la même admiration pour les chasseurs !’ Avouez que cette réflexion est peu flatteuse pour nous. En somme, d’après ce jugement, nous n’intéressons que parce qu’on ignore notre travail »

Au terme de cette lecture passionnante, centrée sur l’homme, sa capacité à transformer le rêve en réalité, une question se pose : l’aventure aéronautique est-elle encore véritablement possible aujourd’hui, avec les progrès exponentiels de la technologie, qui font s’ébahir devant les silhouettes étonnantes des « avions furtifs » ou d’un géant des airs tel que l’A-380 ? Quelle sera bientôt la place de l’homme dans cet univers abondamment contrôlé par les supercalculateurs embarqués, les commandes de vol électriques, la reconnaissance vocale, les systèmes d’arme sophistiqués ? Ne serait-il pas proche de la fin d’une conquête ? Celle de l’espace, d’autres mondes habitables, semble plus que jamais nécessaire, tant pour la survie à terme de l’espèce humaine (une fois les ressources naturelles épuisées) que pour maintenir sa capacité à espérer, à rêver...

Georges-Didier Rohrbacher